Dépenses des millenials : que font-ils de leur argent ?

En France, 42 % des millennials déclarent privilégier l’épargne à la consommation, alors même que leur niveau de vie stagne depuis dix ans. Les achats impulsifs cohabitent avec la recherche active de promotions et de bons plans, révélant des arbitrages constants entre plaisir immédiat et sécurité financière.Les dépenses liées aux loisirs et au bien-être progressent, tandis que la propriété immobilière recule nettement dans les priorités. L’équilibre entre expériences et investissements matériels s’inverse, dessinant de nouveaux modèles de gestion budgétaire.

Qui sont vraiment les millennials et comment leur rapport à l’argent se distingue-t-il ?

Nés entre 1981 et 1996 d’après l’Insee, les millennials sont cette génération scrutée par les experts, mais rarement comprise à sa juste mesure. Diplômés, souvent mobiles, ils avancent dans une société où la stabilité n’est plus la norme. L’écart avec la génération baby boomers saute aux yeux : accumuler du patrimoine n’a plus la même saveur, la priorité se déplace vers la flexibilité et la liberté de mouvement.

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Leur rapport à l’argent ne fait pas dans la dentelle : là où leurs aînés valorisaient l’accumulation de biens, les jeunes de cette tranche d’âge préfèrent multiplier les opportunités, les expériences, quitte à changer souvent de voie. On observe une nette progression des choix de vie comme la colocation, le travail nomade et la consommation collaborative. Le taux de propriétaires immobilier parmi les moins de 35 ans chute année après année, confirmant ce renversement de priorité.

Un chiffre en dit long : 60 % des millennials français interrogés par Deloitte jugent leur situation plus précaire que celle de leurs parents au même âge. L’inflation monte, les salaires stagnent, et la transparence des banques traditionnelles peine à rassurer. Résultat, la gestion de leurs finances passe par des applications mobiles et des outils digitaux, loin des méthodes d’antan centrées sur la construction d’un héritage.

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Des choix de consommation qui bousculent les codes : entre expériences, valeurs et digitalisation

Le mode de consommation des millennials tranche franchement. Dépenser, oui, mais pas à n’importe quel prix, ni pour n’importe quoi. Chaque achat doit s’aligner avec leurs convictions : respect de l’environnement, valeurs sociales, impact collectif. Les cartes de paiement et applications bancaires sont devenues leur quotidien, réduisant l’usage du liquide à presque rien.

La technologie et les réseaux sociaux jouent un rôle central dans le parcours d’achat. Avant d’utiliser leur carte, les millennials s’informent, lisent des avis, comparent les produits et s’efforcent de séparer le marketing du réel engagement des marques. Pour eux, qualité et éthique passent bien avant le simple coup de cœur publicitaire.

Pour illustrer ce basculement, voici quelques données marquantes :

• Près de 41 % privilégient des marques qui partagent leurs valeurs.
• Plus d’un tiers réalise davantage d’achats sur internet qu’en magasin.
• L’utilisation des espèces décroît au profit des paiements digitaux.

Ce n’est plus l’objet qui prime : sorties, voyages, loisirs communs pèsent lourd dans les décisions de dépense. Les marques courtisées doivent désormais prouver leur authenticité. Les millennials ne se considèrent plus comme de simples consommateurs : ils cherchent du sens, imposent leurs règles et réclament des comptes.

Pourquoi les possessions matérielles ne sont plus une priorité pour cette génération

Le désengagement vis-à-vis de l’accumulation d’objets est assumé : la hausse du coût de la vie et le poids des taux d’intérêt poussent à repenser la notion même de possession. Cette génération veut donner du sens à ses finances : priorité à l’investissement responsable, à la transparence et aux projets collectifs.

Un sondage Deloitte révèle que la plupart des jeunes adultes se tournent vers l’expérience, l’engagement solidaire ou écologique, bien plus que vers la propriété matérielle. Chaque choix d’achat s’intègre dans une vision plus large, à contre-courant du réflexe d’accumulation. La gestion de patrimoine passe par l’impact social : placements durables, projets collaboratifs et initiatives solidaires prennent le relais de la possession individuelle.

Quelques tendances s’imposent, et elles ne doivent rien au hasard :

• Le recul des achats de biens durables au profit de loisirs, de voyages et de formations.
• L’intégration croissante des critères ESG (environnement, social, gouvernance) dans la gestion des finances personnelles.
• La disparition progressive de l’argent liquide au bénéfice du paiement numérique.

Cette mutation ne s’arrête pas aux frontières. Au Canada aussi, on constate que réussir ne se mesure plus à l’épaisseur du portefeuille. Pour les millennials, l’accumulation ressemble de plus en plus à une relique du passé, tandis que l’engagement et l’expérience prennent le dessus.

Décryptage des postes de dépenses majeurs chez les millennials aujourd’hui

Le budget des millennials se distingue par un équilibre inédit. Les grandes lignes d’hier éclatent : désormais, le logement, la mobilité, l’alimentation et les loisirs évoluent selon les réalités urbaines et les aspirations individuelles.

Dans les grandes agglomérations comme Paris, le poste logement peut absorber jusqu’à 40 % du budget mensuel d’un jeune actif. Beaucoup font le choix de la colocation ou quittent les centres-villes pour retrouver du souffle côté finances. En matière de mobilité, la voiture perd du terrain. Les transports collectifs, trottinettes et vélos partagés deviennent la nouvelle norme, complétés par une gestion ultra-précise des dépenses grâce aux applications de suivi.

Voici comment s’articule concrètement la répartition des dépenses :

• Alimentation : priorité à la qualité, au local, mais l’œil reste accroché aux promotions et aux offres discount pour garder le cap côté budget.
• Loisirs et expériences : cinéma, voyages éclairs entre amis, concerts. Le vécu passe avant le tangible, chaque euro investi dans ce qui crée du lien ou du souvenir.
• Paiements digitaux : la carte et le smartphone dominent. Suivre son budget au centime près devient une seconde nature, grâce aux apps dédiées.

Chelsea Fagan, à la tête de The Financial Diet, évoque une quête d’autonomie financière et d’ajustement constant face à l’incertitude. Les outils numériques donnent aux millennials le contrôle sur leurs dépenses, leur permettant de concilier réactivité, choix assumés et nouveaux rêves. Désormais, chaque euro justifie sa place, et c’est bien ce qui structure le quotidien de toute une génération en mouvement.