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Migrations : comment expliquer leur impact environnemental ?

En 2023, le nombre de personnes déplacées à cause de catastrophes naturelles a dépassé celui des déplacements dus aux conflits armés, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Les flux migratoires, souvent associés à des crises humanitaires, modifient aussi durablement l’équilibre écologique des territoires d’accueil et de départ.

Certains États modifient déjà leur législation pour anticiper les conséquences environnementales de ces mouvements de populations. Pourtant, l’ampleur et la nature de ces impacts restent largement sous-évaluées dans les politiques publiques.

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Comprendre les migrations environnementales : définitions, chiffres et réalités actuelles

Impossible d’ignorer la force qui pousse des millions de femmes et d’hommes à quitter leur terre : les migrations environnementales relèvent rarement du choix, mais bien de la nécessité. Déplacer sa vie entière à cause d’une sécheresse, d’une inondation ou de la montée de la mer n’a rien d’abstrait. Les changements climatiques imposent aujourd’hui leur calendrier, forçant des communautés entières à l’exil, à l’intérieur de leur pays ou au-delà de ses frontières.

La Banque mondiale avance un chiffre qui ne laisse pas place au doute : d’ici 2050, plus de 216 millions de personnes pourraient être contraintes de partir à cause de la dégradation de leur environnement. Et ce ne sont pas les images spectaculaires d’exodes qui dominent : la majorité de ces déplacés internes restent invisibles, sans statut officiel, loin du cadre du « réfugié climatique » qu’aucune convention internationale ne protège encore. En 2022, selon l’atlas des migrations environnementales, près de 32 millions de nouveaux déplacements ont été enregistrés à cause des catastrophes naturelles, bien davantage qu’en raison des conflits armés.

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Voici quelques territoires et facteurs particulièrement touchés par ces bouleversements :

  • Afrique subsaharienne, Asie du Sud-Est, îles du Pacifique : ces régions portent la charge la plus lourde des migrants climatiques.
  • Les phénomènes extrêmes, tempêtes, sécheresses prolongées, accélèrent la fragilité des sociétés rurales déjà éprouvées.

Les mots peinent à cerner ce phénomène aux contours mouvants. Déplacés internes, réfugiés climatiques, migrants environnementaux : chaque terme trahit la complexité d’une réalité sans cadre juridique global, rendant tout recensement incertain. Pourtant, les chiffres s’accumulent et dessinent un constat brut : l’adaptation au changement climatique se vit dans l’urgence, rarement dans la sérénité.

Pourquoi le climat et la dégradation des écosystèmes poussent-ils des populations à partir ?

Quand le climat se dérègle, ce sont d’abord les fondations mêmes de la vie quotidienne qui vacillent. Les changements environnementaux, sécheresses à répétition, salinisation des terres, inondations subites, mettent à mal des sociétés où chaque ressource se gagne de haute lutte. La nature n’est toutefois pas seule coupable. L’empreinte humaine, déforestation, surexploitation des nappes, pollution massive, précipite l’épuisement des écosystèmes et prive les habitants de moyens de subsistance.

Quelques scènes illustrent ce basculement : en Afrique de l’Ouest, la désertification efface les pâturages, forçant les bergers à abandonner leurs terres ancestrales. En Asie du Sud-Est, des villages entiers se vident après le passage de cyclones ou de pluies torrentielles. Sur les îles du Pacifique, la montée des eaux ronge les côtes, délogeant petit à petit ceux qui y vivent depuis des générations.

Les catégories les plus vulnérables sont en première ligne :

  • Les populations rurales, dépendantes de l’eau et de la terre, voient leurs moyens de subsistance s’effondrer avec la raréfaction des ressources.
  • L’appauvrissement de la biodiversité prive les communautés de nourriture et rend l’agriculture traditionnelle impossible.

Partir devient alors une question de survie, pas une opportunité. La migration environnementale se vit dans l’urgence et l’incertitude, loin des débats internationaux, loin des projecteurs.

Des sociétés inégalement exposées : qui sont les premiers touchés par les migrations environnementales ?

La carte des migrations environnementales révèle une fracture nette. Le dérèglement climatique ne frappe pas au hasard : il cible d’abord les populations déjà fragiles. Les pays pauvres encaissent de plein fouet les conséquences. Prenons le Bangladesh : année après année, la montée des eaux grignote les terres agricoles, poussant des milliers de familles à chercher refuge ailleurs, souvent dans leur propre pays. En Afrique subsaharienne, la désertification et l’assèchement des points d’eau précipitent l’exode rural. Quant aux îles du Pacifique, elles assistent déjà au déplacement de villages entiers vers des zones moins exposées.

Voici les groupes qui subissent de plein fouet les migrations liées au climat :

  • Les peuples autochtones paient le prix fort : dépossédés de leurs terres, ils n’ont souvent aucun filet de sécurité ni alternative pour rebondir.
  • La majorité des migrants climatiques restent des déplacés internes : ils traversent leur pays, sans protection juridique internationale, invisibles dans les statistiques mondiales.

L’Atlas des migrations environnementales édité par la Banque mondiale le martèle : près de 143 millions de personnes pourraient être contraintes de bouger à l’intérieur de leur pays d’ici 2050, essentiellement en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Pendant ce temps, les pays riches, moins touchés directement, continuent d’alimenter les émissions de gaz à effet de serre qui aggravent la situation. Ce déséquilibre questionne la notion même de justice climatique et impose une réévaluation des responsabilités à l’échelle globale.

migration environnementale

Vers des réponses collectives : enjeux, défis et pistes pour une justice climatique

Face à l’urgence, la justice climatique devient incontournable, une exigence qui dépasse les déclarations de principe. Les textes existants, Convention de Genève, Pacte de Marrakech, restent sourds aux réalités des nouveaux déracinés du climat. Ni la notion de réfugié climatique, ni le droit à la mobilité ne figurent dans les conventions internationales. Ce vide juridique condamne les migrants climatiques à l’errance administrative, privés de droits et de recours.

Quelques pistes de solutions s’imposent dans le débat actuel :

  • Mettre en place un visa humanitaire spécifique pour celles et ceux qui fuient un environnement devenu invivable.
  • Renforcer les dispositifs d’adaptation dans les territoires à risque, en s’appuyant sur les connaissances scientifiques et l’expertise des acteurs locaux.
  • Créer un tribunal international de justice climatique pour traiter les différends entre États et défendre les droits humains des personnes déplacées par le climat.

Le monde scientifique tente de structurer ce champ encore neuf des migrations climatiques. Les politiques de développement ont tout à gagner à intégrer cette réalité, en rompant avec la logique de gestion de crise permanente. Face à la répétition des catastrophes naturelles et à la montée des eaux, la solidarité internationale ne peut se contenter de promesses creuses. Elle devra se réinventer pour ne pas laisser l’histoire s’écrire sans ses témoins les plus vulnérables.

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